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On the road again...not alone

Ça y est, je viens de rentrer de Saitama et comme promis le blog reprend à partir de la semaine prochaine pour le post hebdomadaire. Je vais m’y tenir mais ça risque d’être légèrement chaotique : je dois déménager. A l’issue des tractations avec sa mère et la mienne, il a été décidé que Shinkin allait continuer ses études à Tokyo et venir vivre avec moi pour que je la forme au métier d’onmyôji de manière plus rigoureuse (Le dernier mot est une blague, vous pouvez vous marrer). Comme je ne me vois pas imposer à une gamine de dix ans de vivre dans mon clapier de 15 m2 sans même une petite place pour elle, je le troque contre un clapier double où elle pourra avoir sa chambre. Et pour moi ça devient une aventure humaine, des découvertes incroyables qui vont sans doute faire de moi un homme meilleur. Ou juste me faire irrémédiablement péter les plombs. Vivre avec une mioche de dix ans est une agression visuelle et auditive permanente. J’ai déjà assez mal vécu le poster à paillettes recouvert de purikura, saigné des yeux quand elle a voulu utiliser sa couverture constellée de fraises et de muffins sur mon futon et deux profonds sillons dans mon bureau marquent le passage de mes ongles chaque fois qu’elle met de la musique. C’est pas humain d’aimer se faire chier dans les yeux et les oreilles à ce point, les mômes ont un filtre spécial sur le tympan et la cornée ou c’est juste moi qui devient vieux ? C’est en tout cas ce qu’a affirmé Shinkin avec un soupir de diva outrée.

Avant même le déménagement, j’ai été contraint de racheter :

- Un ordinateur (“C’est quoi cet ordi de merde ? Tu fais quoi dessus ? C’est pas un vrai, c’est pour décorer, c’est ça ?”)

- Un pommeau de douche (“Tu te laves quand même pas directement au jet d’eau ?” Ben si, petite morue !)

- Des céréales (“le café c’est dégueu, c’est bon pour puer de la gueule. Il est où le Nutella ?”)

Et j’ai promis à Shinkin de lui ouvrir la carotide avec les dents si elle s’avisait de jeter mes nouilles instantanées pour foutre à la place ses douze kilos de bonbon divers et chimiques.

Naturellement, elle ne m’aide pas pour les cartons - c’est mes affaires donc mon problème - mais au moins elle s’entraîne pendant ce temps. Je dois juste lui réexpliquer qu’invoquer un shiki pour qu’il vous tienne vos straps de portable le temps de les trier manque un peu de classe. Sinon tout va bien.

Le point positif c’est le téléphone : comme elle est plus rapide que moi, c’est elle qui réceptionne les deux tiers des appels. Quand il s’agit d’un casse-couilles dont je cherche à me débarrasser, elle a une technique qui me laisse pantois.

Démonstration. J’étais en train de trier mes fringues - ce qui vu la gueule de certaines transforme la corvée en nettoyage de déchets toxiques - assis par terre, transpirant comme un galérien puisque le seul ventilateur de l’appart était mobilisé pour miss Shinkin. Au bruit de mon portable, je me lance dans une bordée spontanée de protestations, à base de “Putain, mais quoi encore !!!?”. Shinkin se lève et attrape l’appareil, posé sur le lit, à côté d’elle.

“Maison Kondo, j’écoute...Oui. Je transmets. C’est Kakyô-san, il veut savoir si tu peux passer pour son fils, oncle Satoru.”

Gros, immense soupir de ma part. Kakyô a une progéniture turbulente, qui s’essaie à l’ésotérisme depuis plusieurs mois, ce qui a valu à la maison familiale de finir hantée un bon paquet de fois. Je passe mon temps à y faire le ménage en jurant que la prochaine fois, je les laisse se faire bouffer la rate par la saloperie que le fils prodige a invoquée.

J’émets un autre bruit de baudruche crevée en marmonnant un “M’emmerde ce con, peut pas m’oublier non ? Crois que j’ai que ça à foutre de m’occuper de son bâtard dégénéré ?”. Shinkin, sans se démonter, recolle le combiné contre son oreille.

“Excusez-moi, Kakyô-san, mon oncle est pas disponible, il est en plein sacrifice rituel. Et il s’énerve quand je le dérange, après il va me punir et je devrais nettoyer le sang toute seule. Et comme je dois aussi lui préparer son petit déjeuner le matin, je vais pas avoir le droit de me coucher.”

J’en lâche mon tas de fringue. Elle salue et raccroche.

“Il a dit que finalement c’était pas urgent.”

J’ose pas imaginer comment je vais me faire accueillir par sa maîtresse lors de la prochaine réunion de parents, les services sociaux vont sans doute venir me remonter jean et caleçon jusque sous les aisselles et ma tante a pas fini de me hurler dessus...

Mais je pense que je vais la laisser mettre des stickers roses sur le frigo, finalement...

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Source de l'image : zylenia

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