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Petit con-sama, SVP

Bon, pour cette semaine, nous aurons un post informatif...enfin culturel...Non, culturel, c’est pas le mot, disons que je vais éclaircir une subtilité du magnifique protocole de mon pays. J’ai cru comprendre que mes contemporains étaient considérés comme des gens d’une “rigoureuse et irréprochable politesse”. Moi j’appelle ça lécher le cul de son interlocuteur (ça signifie la même chose, sans le politiquement correct) et se frotter à la semelle de ses chaussures en s’excusant de lui voler son oxygène. Appelons ça “politesse”, donc. Par défaut, quand on ne connaît pas la personne en face on se doit d’observer une certaine distance (On ne tape pas sur l’épaule en braillant “mon p’tit pote”. Sauf quand on s’appelle Satoru, éventuellement. Et j’ai pas dit que je le faisais) tout en restant courtois. Disons que chacun doit être aussi lèche-cul que l’autre, ni plus, ni moins. Appelons ça “protocole”. Ça se complique s’il est avéré que le pékin a une position sociale supérieure et c’est là qu’il faut adapter son niveau de langue.(Non je ne ferais pas de jeu de mot pourri à propos des lèche-cul, non.) Il y a en Japonais un signe indicateur du degré d’estime (ou d’hypocrisie) et de politesse de votre interlocuteur : la particule. Vous savez, les quelques lettres qu’on place derrière le nom ? -san,-chan,-kun... Si vous êtes attentifs, vous aurez peut-être remarqué que les gens que je croise n’utilisent pas tous la même avec moi, et peuvent l’accoler à mon nom comme à mon prénom. Je vais donc faire un petit florilège de ces particules et des personnes qui les emploient avec une traduction pour les non initiés. Je trierai les particules par ordre de politesse, comme suit. -sama : “Maître”, particule utilisée pour quelqu’un ayant développé une compétence ou un savoir qui lui donne une certaine position sociale. On l’emploie aussi pour les clients dans les magasins (pour donner une idée du degré d’hypocrisie du truc). -san : “Monsieur, Madame”. Générique : poli sans être obséquieux, utilisé “par défaut” quand on n’est pas sûr de soi. -kun : Moins de distance que “san”, plus familier, souvent utilisé entre collègues de travail ou amis. -chan : Employé pour les mômes ou les proches. Les TRES proches, j’insiste. Si vous utilisez le prénom, c’est plus familier, le nom c’est plus distant. Voilà pour le point grammatical et chiant et ultra simplifié, voyons maintenant les cas “pratiques”. Dans l’exercice de mes fonctions, les gens m’appellent en général “Kondo-san” ou “Kondo-sama”. Kondo-san Degré de politesse : minimum syndical. Traduction approximative : “Vous avez beau être un soi-disant maître ésotérique, je ne crois pas à toutes ces conneries. Mais comme j’ai été bien élevé, je fais preuve de la même politesse que lorsque je parle à mon voisin, au portier ou à mon vendeur de fringues.” Kondo-sama Degré de politesse : Super lèche-cul “Vous êtes un maître - même si vous avez l’air d’un branleur d’étudiant - j’ai été convenablement lobotomisé et donne du -sama à un type puisque le gouvernement m’a dit de le faire.” En de très rares occasions, le “Kondo-sama” est sincère et parfaitement protocolaire. Les deux principaux yôkai en chef de Tokyo m’appellent “Satoru-chan” (pour ce putois de Gekkô) ou “Kondo-kun” (pour Kokuen) Satoru-chan Degré de politesse : Foutage de gueule “Tu es un brave petit. Pour moi ta puissance et ton potentiel sont de l’ordre du moustique mais ça me fait bien marrer. Laisse travailler les adultes, maintenant.” Kondo-kun Degré de politesse : Vent polaire et stalactites “Je me tape totalement de ton titre, de ton niveau social et de ton clan. Pour moi tu restes un humain, plus dangereux que la moyenne.”

Ma charmante famille a elle aussi du mal à uniformiser tout ça : Oncle Satoru (ma petite cousine Shinkin) Degré de politesse : Sale gosse “Tu peux me répéter trente fois que tu es mon maître, pour moi tu es juste une espèce de papa/grand frère gâteau à qui je peux faire faire tout et n’importe quoi. Et je m’en cache même pas.” Satoru-sama (ma mère) Degré de politesse : Débile et malsain “Je suis la femme qui t’as mis au monde mais vu le peu que je suis intervenue dans ton éducation et que je suis totalement phagocytée par les principes désuets de mon clan, j’appelle l’enfant que j’ai porté “Maître”. Mais je ne suis pas névrosée.” Satoru (ma tante) Degré de politesse : Me cracher à la gueule aurait au moins le mérite d’être franc. “Tu es pour moi l’équivalent d’une déjection que je n’arriverai pas à nettoyer sur ma geta, tu ne mérites même pas que je fasse montre d’une politesse élémentaire. Comme je prie chaque jour qui se lève pour que tu claques rapidement, je ne risque pas de te donner un surnom affectueux. Estime-toi déjà heureux que j’emploie ton prénom.” Voilà pour le petit tour d’horizon. Et je constate à peine surpris que la personne que je trouve encore la plus correcte c’est...Kokuen. Et moi me direz-vous, qu’est-ce que je préfère ? Il y a ce que je dois exiger en tant que maître onmyôji (d’être entouré de faux-derches obséquieux) et ce que j’apprécie personnellement. Dans mon boulot, j’aligne ceux qui ne me donnent pas du “-sama”. Pas par orgueil mais pour leur rappeler que je ne suis pas leur larbin et que je peux très bien les planter là s’ils me parlent de travers. Mais j’ai malgré tout horreur de cette particule, que je trouve tout simplement puante, je l’exige par principe. Les yôkai...dans mes rêves les plus fous, ils m’appellent tous “Kondo-sama”, mais alors là je peux me gratter le cul jusqu’à ce que ça saigne. Même Issô, le mange-crasse à qui je fous les jetons rien qu’en fronçant les sourcils ne le fait pas, j’ai laissé tomber depuis une paye. Puis objectivement, ils pourraient m'appeler “-sama” qu’ils se priveraient pas pour autant de me défoncer la gueule, alors bon... Je fais la GUERRE à Shinkin pour qu’elle m’appelle “Maître, putain je suis le chef du clan et ton professeur, arrête de me prendre pour un mur d’escalade et va manger ta glace ailleurs que sur mes genoux !”. Là aussi je peux me gratter au sang : vu que je suis pas foutu de lui mettre un claque même quand elle me fout de la glace sur le jean, j’ai pas fini. En tant que maître je devrais m’offusquer que ma vieille pute de tante me manque à ce point de respect. Mais on va pas se mentir : ce qui me les brise le plus c’est qu’elle m’adresse encore la parole. En tant que maître, j’entends souvent dire que ma mère est une femme exemplaire et que je devrais lui faire honneur pour mériter sa dévotion. Je voudrais dire simplement ”Maman” à cette femme exemplaire. Mais ce serait irrespectueux.

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Source de l'image : thekellyscope

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